lundi 4 février 2013

DÉCISIONS LORS DE DILEMMES TRAGIQUES


Il arrive des situations où il nous apparait que, peu importe la décision, nous en ressortirons perdant. Je prendrai deux exemples et nous tenterons de regarder comment l'éthique appliquée et l'éthique organisationnelle, une de ses dérivées, pourront nous aider à discerner la voie à suivre.

Bien sûr, nous ne pourrons arriver à donner des solutions, car celles-ci seront différentes et elles appartiennent à chaque personne en position de décider.

Pour débuter, je reprendrai les deux définitions qui nous serviront d'assises dans notre réflexion:

Éthique appliquée: face à une problématique, le travail que je consens à faire avec d'autres, par le dialogue, afin de discerner et décider les actions conduisant à un partage de sens pour toutes les personnes impliquées par ces actions.

Éthique organisationnelle: comme la visée, par la délibération, que se donnent tous les membres d'une organisation, afin de définir les valeurs rassembleuses donnant sens pour toutes les personnes impliquées et reflétant la mission et visions de l'entreprise.

Nous pouvons constater la parenté de ces deux définitions en ce qu'elles conduisent, toutes les deux, vers un partage de sens pour toutes les personnes impliquées.

Si nous nous approchons du vocabulaire des organisations, chaque personne en lien avec une organisation (travailleurs, gestionnaires, actionnaires, clients), sera considérée comme une partie prenante (stakeholder). L'implication de cela: chaque personne, dans les situations qui la concernent, sera consultée. Cette implication lorsqu'elle est réalisée favorisera un climat de sécurité chez les personnes qui soutiendra, du même coup, leur autonomie, leur créativité, leur énergie, leur motivation, leur responsabilité, leur vie, leur appartenance permettant de demeurer sur la voie du sens autour des valeurs explicites de l'organisation.

Premier exemple:

Lorsqu'un «manager» doit décider, pour rentrer dans son budget, s'il licencie l'employé A, le meilleur de son équipe et qui affiche un très gros salaire, ou s'il se passe des services des employés B, C & D, qui ensemble représentent un salaire global équivalent à celui de A.[1]

Lorsque le discours de l'éthique organisationnelle est appliqué dans l'organisation, le «manager» en question n'a plus à supporter seul ce problème. Comme chaque personne affectée par une décision est une partie prenante de l'ensemble, elle sera consultée. Pourquoi, alors, ne pas rencontrer toutes les personnes concernées par le dilemme pour en parler? Il y aura, à ce moment, trois pistes de solution. Les deux premières: congédier A ou congédier B. C & D. La troisième viendra peut-être de la rencontre de toutes ces personnes avec une solution originale.

Une chose est certaine, vous sortirez gagnant de ce dilemme en ce sens que toutes les personnes visées se sentiront respectées, même celle(s) qui perdra(ont), car la décision fera sens pour tous. De plus, un gain sera fait sur le sentiment d'appartenance, le dilemme ayant été traité en relation avec des personnes et non avec des objets.

Deuxième exemple:

Bien que cela ne touche pas des décisions courantes, je trouve intéressant de l'aborder, car elle met en lumière les répercussions de notre définition de l'éthique appliquée. Pour vous aider à y réfléchir, je vais vous poser trois questions.

Une personne vient d'être arrêtée après qu'elle a caché une bombe de très grande puissance qui pourrait tuer des milliers de personnes. Avons-nous le droit moral de la torturer?

Si l'on pouvait questionner les personnes qui vont mourir si la bombe éclate, pensez-vous qu'elles trouveraient du sens à ce que la personne arrêtée soit torturée?

Pensez-vous que la personne qui a posé la bombe trouve du sens à ce qu'elle ne soit pas torturée?



[1] J'ai pris cet exemple sur le site des blogues d'Olivier Schmouker: "Comment résoudre un dilemme?" C'est à la suite de cet article que j'ai décidé d'écrire ce pamphlet.